Politiques des drogues - modèles à suivre

Pendant de nombreuses années, La Liaison s’est positionnée contre la prohibition et a milité pour une légalisation encadrée des drogues, sans pour autant proposer de modèle précis. Les politiques en matière de drogues allaient toutes dans le même sens, celui d’une interdiction pure et simple, avec çà et là, certaines politiques de tolérance, comme la consommation de cannabis en Hollande dès 1976 ou le traitement par diacétylmorphine en Suisse fin des années 90.

Avec les années 2000, une nouvelle ère s’est ouverte : décriminalisation (partielle) de l’usage de toutes les drogues au Portugal (2001), légalisation du cannabis en Uruguay (2013) suivie par plusieurs États américains qui, pour certains, ont légalisé le cannabis à usage récréatif (après une légalisation de l’usage médical). Le Canada est le dernier pays en date à avoir légalisé le cannabis à usage récréatif (2018), et d’autres pays, comme le Luxembourg et l’Allemagne, suivront bientôt.

En ce qui concerne d’autres drogues comme l’héroïne, on peut noter l’expérience pilote de TADAM à Liège (traitement par diacétylmorphine) qui, après 2 ans, s’est révélée très positive, sans pour autant devenir pérenne. C’est encore dans la Cité ardente que la première salle de consommation à moindre risque (SCMR) a vu le jour, en totale illégalité au regard de la législation belge, et qui donnera l’impulsion pour que Bruxelles devienne, début 2022, la deuxième ville du pays à se doter d’un tel dispositif de réduction des risques.

Ce site internet devait faire la promotion d’un colloque international organisé par La Liaison et prévu au départ en novembre 2020, puis en mai 2021, pour finalement être annulé en raison de la crise sanitaire. Cette rencontre avait pour thématique générale les différents modèles internationaux alternatifs à la prohibition : dépénalisation, décriminalisation, légalisation, régulation, autant de termes qui souvent se confondent et se mélangent, sans qu’on sache véritablement de quoi il s’agit. Pendant des années, La Liaison s’est positionnée avec une approche pragmatique pour que l’usage des drogues ne soit plus puni, pour plus de justice sociale, pour le droit à la santé ainsi qu’au plaisir. À présent, sans doute est-il nécessaire que l’association fasse un pas en avant et se positionne clairement sur un modèle de prédilection. Peut-être est-il temps de dire non seulement pourquoi une réglementation est nécessaire, mais aussi selon quel modèle on peut l’envisager.

Suite à l’annulation de ce colloque, nous avons pris le parti de trouver des alternatives et de réaliser d’autres rencontres : webinaires, interviews, articles, podcast, débats publics donnant la parole à des spécialistes, chercheur·se·s invité·e·s et personnes usagères afin de développer les avantages et inconvénients de chaque modèle. En partant d’un constat répété depuis des décennies – à savoir que la guerre à la drogue (ou plutôt la guerre aux drogué·e·s, socialement défavorisé·e·s) est un échec – nous irons voir ailleurs, là où les politiques ont décidé d’ouvrir une voie, pour s’en inspirer ou s’en détacher, ou encore nous imaginerons d’autres possibles…

Nous tenons à remercier vivement l’ensemble des intervenant·e·s qui ont accepté de poursuivre ce travail et d’offrir de leur temps précieux pour vous donner à voir et à entendre d’autres manières de réfléchir aux politiques en matière de drogues. Ce site internet (qui sera en constante évolution) et la majorité de ses contenus n’auraient pu voir le jour sans l’aide généreuse et compétente d’Olivier Taymans (membre actif de notre association et chargé de projets à la FEDITO BXL), les relectures attentives de Laurence Kahn et le soutien technique d’Alexis Jurdant (chargé de communication à la FEDITO BXL). Nous envoyons nos plus vifs remerciements à toutes les personnes qui, de près ou de loin, ont contribué activement à la réalisation de ces différentes productions.

Nous vous souhaitons de bons moments d’écoute, de lecture ou de visionnage et nous vous invitons à partager les différentes publications autour de vous.

Sarah Fautré, ancienne coordinatrice de la Liaison Antiprohibitionniste